Collection Viaduc des Rochers Noirs

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12 Entretien avec monsieur REBEYROTTE - le 07/10/1984

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Résumés des séquences

01

[début de l’enregistrement en cours de phrase][à propos de M. ESCASSUT] Je ne sais pas s'il est à LAPLEAU ou à BRIVE.. historien - je n'ai que des mémoires (transmises)

38"

02

dites-moi ce que vous voulez savoir – « L’orange de Noël », livre de Michel PEYRAMAURE, sur la basse CORRÈZE

57"

03

Ici il y avait 3 vaches, 4 vaches.. le chef de famille émigrait, cordonnier - je suis petit-fils, fils et gendre de cordonnier.. on ne connaissait que le bouif, tout le monde était cordonnier.. ils portaient leur hotte sur le dos.. je vais vous montrer une pendule

1' 4"

04

[arrêt et reprise de l’enregistrement] depuis BOURG EN CANTAL, au nord d'ANNONAY.. ce bonhomme a porté le mécanisme de la pendule et les 2 poids, dans sa hotte sur le dos

18"

05

C'était mon arrière-grand-père, vers 1850

6"

06

[arrêt et reprise de l’enregistrement] Alors les uns s'enrichissaient, les autres s'endettaient.. la dette était la maladie honteuse du 19°s

51"

07

C'était la plaie du 19° siècle – vous avez lu le livre de MARTIN NADAUD ?

15"

08

Par ici, les maçons étaient à SAINT-MARTIN-LA-MEANNE, MARCILLAC-LA-CROISILLE ; ici c'était les cordonniers, quelques marchands de parapluie - la brassière sur l'épaule, le porte à porte

41"

09

Ces parapluies étaient fabriqués dans le Cantal

7"

10

Les uns gagnaient de l'argent, les autres s'endettaient.. pas d'allocations familiales, beaucoup d'enfants.. la pauvre femme restait à vivre sur le terroir dans la misère

39"

11

Au début du siècle ça a un peu changé – pas de métayers, ici c'étaient tous de petits propriétaires

18"

12

Chez ces cordonniers, pas de syndicats.. ils couchaient par 2 dans un galetas, travaillaient de 5 h à 9 h soir.. parlaient patois entre eux - le dimanche soir bistrot auvergnat, et jouaient aux cartes

45"

13

LAPLEAU, dans le LIMOUSIN.. pour les parisiens, de POITIERS à l'ARDÈCHE c'est l'AUVERGNE, mais ici on est Limousin

22"

14

J'ai eu fauché dans ma jeunesse dans le Cantal, à la faux, fallait des bras et pas être feignant.. je n'avais pas d'autre nom que celui de LIMOUSIN, et avec un peu de mépris

41"

15

À partir de 1935, des faucheuses avec moteur auxiliaire.. le soir il fallait tout ramasser.. il était lourd.. incendies de granges, ça arrivait

48"

16

Qu'est-ce que vous voulez savoir d'autre ?

7"

17

La nourriture : dans les dettes ou riche, même menu - cidre, lard rance, soupe, pommes de terre, quelquefois un poulet

38"

18

Châtaignes.. maintenant c'est tout bouché un sanglier ne s'en sortirait pas

24"

19

Gibier : sangliers pas comme maintenant

23"

20

C'était comme ça la vie - vous devriez lire PEYRAMAURE, écrivain briviste

46"

21

Alors vous pourrez faire un document - rien sur le viaduc

19"

22

Le viaduc : à LAPLEAU on avait un grand homme, Hippolyte ROUBY, Radical, député, sénateur.. fit faire train local TULLE USSEL par LAPLEAU, réalisation difficile surtout ici - VASSÉJOUX 100 trimardeurs, partout où il y avait un toit on y mettait vingt hommes dedans.. des soiffards.. affreux.. différents des paysans...

1' 15"

23

L'équipe de maçons venait de MARCILLAC et SAINT MARTIN LA MÉANNE, de rudes types... et pas mal de gens de Lapleau, c'est qu'on gagnait 5 Francs par jour, gros salaire

37"

24

L'absinthe coulait à flots.. c'était le carburant.. pas un compresseur, tout à la masse.. pas de grue, des treuils.. un travail qui a duré 2 ans

58"

25

J'étais à l'inauguration mais j'avais 6 mois, en 1912... les épreuves : 2 trains de 60 T... nous avions une maison, 20 bonhommes locataires

49"

26

Maçons, terrassiers, mineurs.. il y avait des as !.. les cantinières leur apportaient la soupe.. Ils faisaient 12 h de travail

54"

27

(réduction du temps de travail) C'est les carriers de Carrare qui ont initié le mouvement, anarcho-syndicalistes

22"

28

On travaillait dur, on buvait sec.. distractions, il y avait rien..

42"

29

En 1914 tous les paysans ont été mobilisés... le train a roulé toute la guerre, c'était l'artère, il y avait rien..

43"

30

Des gens partaient de SPONTOUR, couchaient à VASSÉJOUX, repartaient à la pointe du jour pour aller prendre le train à Égletons - les conditions de vie étaient effroyables

35"

31

Et à partir de 1924, service d'autobus avec ÉGLETONS - le désenclavement, idée de ROUBY [fin de bande]

45"

32

[arrêt et reprise de l’enregistrement après changement de bande] - L'avancement de l'enquête

33"

33

Je le tiens de souvenirs, je n'ai pas été le témoin – j’avais une parente là-bas – 2 mariages à LAPLEAU, avec 2 monteurs.. une élite, hautement qualifiés

54"

34

Les maçons avaient du talent, mais alors pour lancer ce pont.. la maison qui l’a fait est à SAINT PANTALÉON DE LARCHE, elle existe toujours, la maison ARNODIN…

37"

35

(pour le viaduc) il faut 700 ou 800 millions.. on a fait des études, puis les ARNODIN ont confirmé les dégâts.. il faut le laisser tomber, le refaire, ou le démolir..

1' 10"

36

Quand on a supprimé le TACOT on a fait une piste forestière, sur crédits du fonds forestier.. mais les câbles sont gâtés..

1' 26"

37

(chantier) très peu d’étrangers : quelques italiens.. anciens paysans « partis sur le trimard ».. beaucoup de célibataires

56"

38

Les corps de métiers : ne se mélangeaient pas – eux (les métalliers) étaient en hôtel à LAPLEAU.. la femme du chef avait monté une cantine, un bistrot.. en bordure le route.. la mère PIC était célèbre..

2' 11"

39

Il y en avait une autre (cantine), de VIROLLE, pour les ingénieurs, les ARNODIN dînaient là

9"

40

Les piles devaient être terminées pour poser les câbles.. les ferrailleurs n’étaient pas nombreux, une quinzaine – peut-être des manœuvres pour tourner des manivelles.. river les boulons, river la tôle, à la masse.. travail gigantesque, des forges, taper à la masse

1' 32"

41

Deux chevilles, au milieu, tiennent tout le pont… grosses comme un tuyau de poêle

57"

42

Si ESCASSUT était là, j’y dirais, Bon Dieu.. Essayez d’aller à la mairie, vous devez trouver ses écrits.. il a étudié l’histoire locale.. sa femme était une fille du VIALLE qui a photographié le viaduc (en construction).. il était marguiller, chef de musique, un homme universel, « meyrier » en patois

2' 12"

43

La voiture de VIALLE, une FORD de 1910, qui roulait encore en 1930… On l’entendait de SOURSAC quand il démarrait..

42"

44

Notre sénateur-maire ROUBY a eu les premières voitures.. il est mort en 1921, son fils a pris la succession, maire mais pas parlementaire : DE CHAMMARD de TULLE, du même parti.. entre les deux il n’y a qu’une différence : tire-toi de là que je m’y mette.. (image : FAH-X-0106)

1' 13"

45

Entre SOURSAC et LAPLEAU « ça s’est jamais aimé », rivalité.. SOURSAC a plus d’habitants, aurait voulu être chef-lieu de canton.. mais « entre Luzège et Dordogne » ils sont considérés comme presque auvergnats car le Limousin pur s’arrêterait à la Luzège..

1' 5"

46

Un jour, un jeune voisin jouait à Lapleau contre Soursac, je lui ai dit « Casse trois paires de jambes, si tu peux pas rentrer la ballon avec les pieds porte-le à la main, mais faut que ça rentre !.. Ailleurs on respecte la légalité mais avec Soursac, non, on peut pas la respecter »

29"

47

Au moment du chantier, les gens étaient embauchés, il y avait aucune.. celui qui avait besoin de gagner de l’argent, et il y en avait !.. que la brouette, pas de compresseur, ils minaient à la barre à mine.. dans le tuf, ça venait à la pioche.. et y’en a eu, des coups de pelle et des coups de pioche ! [fin de bande]

49"

48

[reprise de l’enregistrement après changement de bande] (à propos des jeux de cartes) C’est fini, quelquefois des vieux rentiers à LAPLEAU jouent une belote, un dimanche après-midi.. les ouvriers.. c’était boire

46"

49

(les boules) une importation, on joue à la marseillaise.. il y a du monde, à LAPLEAU..

51"

50

(la veillée) un bon moment, on se rassemblait, on buvait un litre, on racontait des histoires.. ici à VASSÉJOUX il y avait un noyau, nos veillées étaient réputées, on s’y amusait ferme, nous avions une voiture.. tournée des grands-ducs.. pas s’embarrasser d’une famille.. fallait se divertir..

1' 13"

51

(les filles) la vertu était quelque chose, on s’en donnait pas à cœur joie..

50"

52

Les veillées, on se réunissait, on faisait une belote ou aux cartes.. pas de musiciens

32"

53

La fanfare : pas dans les hameaux.. le père VIALLE avant la guerre de 14 en avait formé une vingtaine.. ça faisait du bruit

26"

54

Création de la fanfare, vers 1905, par M. BUSSEROLLE, un fonctionnaire en poste à LAPLEAU, ami du père VIALLE.. (VIALLE) avait 3 filles et un gars

1' 30"

55

Les bêtes pour travailler : des vaches, quelques ânes, un cheval dans les très grosses boites – un fermier qui a acheté un cheval et une voiture, ça n’a pas duré longtemps [arrêt et reprise de l’enregistrement]

1' 7"

56

J’ai jamais été cordonnier, mais fils, petit-fils, arrière-petit-fils, et encore gendre de cordonnier.. mon père n’a pas fait le voyage, cette migration saisonnière s’est terminée au début du siècle : ils ont fait cordonniers en ville ou paysans - il s’est installé ici à la ferme à la mort de ses parents en 1920 – ici tout le monde faisait son ressemelage..

1' 48"

57

Les grossistes s’approvisionnaient à BORT - il y en avait à ÉGLETONS, TULLE, USSEL, ARGENTAT..

55"

58

On n’achetait pas de ferme, on héritait.. il s’en est vendu juste une, achetée par un de ces cordonniers qui avait réussi

25"

59

Il ne savait ni lire ni écrire ni signer.. quand il prenait la mesure du pied de la cliente, avec sa bande de papier, jamais il ne s’est trompé.. il savait compter.. il s’appelait CHAMBRETTE.. il y avait des signes.. jamais d’erreur

1' 25"

60

Arrêté de parler le patois en 1920, « quand ces héros sont revenus de la guerre ».. [arrêt et reprise de l’enregistrement] On n’a appris que le français aux enfants, maintenant à 50 ans ils ne parlent pas le patois

37"

61

Quand on arrivait à l’école on ne savait pas parler français.. les Bretons.. les instituteurs avaient des consignes sévères.. entre nous, tout en patois, le Français n’était que dans la classe, tandis que ma fille ne parle pas le patois

1' 12"

62

Échanges de fin d’entretien – le temps qu’il fait, réflexions à propos d’une tempête récente (cyclone Hortense)

1' 54"

Informations
Notes
Contribuez

Le mode de vie de la fin du 19° et du début du 20° siècles, mené par les agriculteurs et les marchands ambulants - la construction du viaduc des Rochers Noirs, d'après les souvenirs qu'il a entendus raconter - rivalité entre les villages de SOURSAC et LAPLEAU - les distractions - les cordonniers et leurs anciennes migrations saisonnières.

Collection : Viaduc des Rochers Noirs
Thème ou série :
Titre : 12 Entretien avec monsieur REBEYROTTE - le 07/10/1984
Type : Entretien oral enregistré
Support et durée : Audio 53 minutes
Date : 07/10/1984
Numérisé par : Bernard MAUPOUX
Auteur : Monsieur REBEYROTTE (Informateur) Bernard MAUPOUX (Enquêteur) Gérard PERRIER (Enquêteur)
Participants : Monsieur REBEYROTTE (Informateur); Bernard MAUPOUX (Enquêteur); Gérard PERRIER (Enquêteur)
Mots clés :
Référence : FAC-A-0012
Nature du support original : Bande magnétique 1/4 pouce enregistrée sur magnétophone UHER 4000
Format du master numérique : Fichier WAV 44100 Hz 16 bits mono
Propriétaire des supports originaux : Les Films du Genièvre
Détenteur des droits : Les auteurs
Statut juridique : Tous droits réservés

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